CHAIRE UNESCO EVA
(ETHIQUE DU VIVANT ET DE L’ARTIFICIEL)
Chairlady: Vanessa NUROCK
La Chaire UNESCO EVA a été créé en 2020 à l’Université Paris 8 sous la responsabilité de Vanessa Nurock. Depuis 2021, elle est coportée par les Universités de Côte d’Azur (UCA) sous la responsabilité de Vanessa Nurock et de Paris 8-Saint Denis, sous la responsabilité d’Arnaud Regnauld. Elle réunit une équipe allant des sciences humaines aux sciences biologiques, qui sont affiliées, outre les Universités porteuses, également à des laboratoires des Universités Paris-Sorbonne et de l’INSERM. Elle s’ancre dans un dense réseau international et travaille étroitement avec d’autres Chaires UNESCO et avec l’IRCAI (Centre de Recherches Internationales sur l’IA sous les auspices de l’UNESCO)
La Chaire UNESCO EVA propose de travailler à l’interface du vivant et de l’artificiel en réinterrogeant la séparation entre ces deux catégories, à l’aide d’exemples concrets issus des sciences et des technologies, en croisant notamment aux processus naturels ou scientifiques des analyses issues des sciences humaines et sociales – essentiellement la philosophie mais aussi du droit par exemple.
D’un point de vue méthodologique, la Chaire UNESCO EVA vise à analyser d’un point de vue éthique et politique les significations des évolutions récentes concernant le vivant dans leur processus, en plaçant l’éthique philosophique et les SHS non comme un ‘prestataire de service’ des sciences dures mais comme un partenaire engagé dans l’élaboration de ces processus. La démarche privilégiée par la Chaire EVA se propose d’introduire l’éthique et la réflexion philosophique comme co-constructrices des innovations technologiques à l’interface avec le vivant, plutôt que de se limiter à une réflexion sur les impacts – même si ceux-ci sont également importants.
La chaire poursuit 4 grands objectifs :
- Développer de nouveaux outils théoriques en éthique à l’interface du vivant et de l’artificiel, et réinterroger les catégories de vivant et d’artificiel.
- Développer de nouvelles pratiques, notamment cliniques, à l’interface du vivant et de l’artificiel.
- Accroître de la coopération entre monde de la recherche et société civile, ainsi que les acteurs politiques et économiques, notamment dans le cadre des échanges nord/sud.
- Stimuler le développement pluraliste (notamment en termes de genres et de cultures) des nouvelles technologies.
Ces objectifs seront menés à bien en s’appuyant sur trois grands axes, qui constituent les bases du programme de recherche de la Chaire UNESCO EVA. Chacun de ces axes concerne un champ où les questions liées au vivant et à l’artificiel posent des problèmes particulièrement aigus, voire où elles sont aujourd’hui rejouées en des termes renouvelés.
Axe 1 : Libertés et déterminismes
Axe 2 : Genre
Axe 3 : Responsabilité
Axe 1 : Libertés et déterminismes
Les progrès récents dans les sciences du vivant et les nouvelles technologies (notamment numériques) conduisent à reposer les liens entre libertés et déterminismes entendus au sens large - où, par exemple, la notion de liberté concerne tant les droits de l’homme susceptibles d’être promus ou menaces par ces nouvelles technologies que la liberté en termes de créativité. Nous étudierons également les nouvelles caractéristiques des déterminismes spécifiques de ces nouvelles technologies ainsi que les nuances introduites par certaines évolutions récentes –par exemple le concept d’exposome qui recouvre l’ensemble des expositions le long de la vie, Les interfaces cerveau-machine, les implants cérébraux et l’IA sont autant d’exemple où libertés et déterminismes sont questionnés.
Axe 2 : Genre
Les difficultés et les biais rencontrés par les évolutions récentes dans le champ du vivant et de l’artificiel sont souvent liés au genre. Par exemple, de la reconnaissance faciale à la détection des maladies cardiaques, les biais de genre sont multiples et constants – ils touchent surtout les femmes mais également les hommes, comme on l’oublie souvent.
La Chaire UNESCO EVA propose d’intégrer, lorsque cela est pertinent, la question du genre dans ses recherches sur le vivant et l’artificiel, selon deux aspects. Le premier est une attention particulière aux questions de genre et de sexe, qui sont souvent à la source de certaines difficultés rencontrées dans les champs du vivant et de l’artificiel; le second est d’intégrer des propositions formulées par les épistémologies et éthiques féministes dans l’analyse des problèmes posés à l’interface du vivant et de l’artificiel, par exemple en les interrogeant non seulement du point de vue de la justice ou de l’équité, mais également de celui du care –qui signifie, entre autres, à la fois attention et soin porté à autrui et à soi-même.
Axe 3 : Responsabilités
L’un des problèmes communément rencontrés dans les nouveaux développements concernant le vivant et l’artificiel est l’assignation de responsabilité, notamment parce que, des nanotechnologies, aux biotechnologies, de l’épigénétique au numérique, il devient de plus en plus difficile d’envisager les responsabilités dans les termes classiques de l’assignation d‘une causalité allant des causes aux conséquences. Nous proposons donc de réfléchir à de nouvelles manières de penser la responsabilité dans ces champs, en envisageant notamment des formes de responsabilités non pas causales mais plutôt relationnelles, qui envisagent la responsabilité comme engagée dans un réseau et non seulement selon une direction vectorielle allant des causes aux conséquences – ce qui permet également de dégager divers niveaux et combinaisons de responsabilités. De nouveaux concepts philosophiques seront ainsi mobilisés au plus près des pratiques.